L’équitation à nouveau arrive bientôt ! Sur les circuits croisés mais aussi en enduro. Mais une pratique anarchique peut valoir de sérieux ennuis. Que dit la loi en France lorsque le 11 mai, il sera possible de parcourir 100 km autour de chez vous ? Moto Verte vous en dit plus avec le Codever.
Le principe de base est simple : le hors-piste est interdit. Et c’est depuis la loi Lalonde du 3 janvier 1991. Vous pouvez conduire sur les routes (beurk), les routes rurales et « les routes privées ouvertes à la circulation automobile publique ». Les routes rurales (encore souvent appelées « communales » bien que cette dénomination n’existe pas depuis 1959) sont destinées à la circulation générale et par nature ouvertes à la circulation motorisée, même lorsqu’elles ne sont pas motorisées. Le maire ou le préfet peuvent y réglementer la circulation par des décrets motivés. L’utilisateur doit être informé par des panneaux de signalisation routière. Cela se complique avec les « routes privées ouvertes à la circulation automobile publique ». Cette catégorie de voies n’est pas définie par la loi. Le propriétaire est libre d’autoriser ou d’interdire la circulation sur les routes qui lui appartiennent. Le problème est qu’aucune loi ne l’oblige à signaler sa décision à l’utilisateur… Les juges ont donc fini par inventer un critère de « carrossabilité » pour trancher les litiges. De nos jours, une route privée sera présumée ouverte si vous pouvez y circuler avec un « véhicule non adapté à une utilisation hors route ».
A lire aussi : Qu'est-ce qu'une boite à crabot et comment fonctionne-t-elle ?
Et la traversée dans tout ça ?
A lire en complément : Ou recharger son hybride ?
Les événements extrêmes ont incité de nombreux enduristes à sauter dans les sentiers ou dans la nature pour s’entraîner mais attention, hors compétition, peu de choses sont autorisées !
Il n’y a rien d’excitant à cela pour le coureur d’endurance avide de monotracks et de grimpeurs. Pire encore, celui-ci se retrouvera rapidement en infraction, et les amendes peuvent être lourdes : jusqu’à 1500€. Néanmoins, il existe certaines possibilités de pratiquer plus de sports légalement. Tout d’abord, certaines routes rurales peuvent être techniques, voire très techniques. Assurément, le l’offre est assez inégale (mieux vaut être dans le Morvan qu’en Beauce), et il serait exceptionnel d’avoir besoin du niveau de Graham Jarvis. Cependant, cela peut satisfaire les débutants et les randonneurs d’endurance. Ensuite, vous pouvez vous amuser en conduisant dans un centre hors route car il y en a quelques (petites) douzaines en France. Des offres spéciales, des croisements, des pierres (naturelles ou artificielles) vous attendent légalement pour quelques euros. Enfin, la loi prévoit une exemption pour les propriétaires ou leurs titulaires de droits. Vous pouvez donc monter sur votre terrain, ou sur la parcelle d’un ami qui vous a expressément autorisé à le faire. Attention cependant : vous ne devez pas effectuer de défrichement ou d’aménagement (opérations soumises à autorisation) ; vous ne devez pas générer d’inconfort (attention au bruit, à la poussière…), vous ne devez pas nuire à l’environnement (ne pas conduire dans les zones humides, dans les cours d’eau, ne pas saccager la faune et la flore…). Si vous êtes propriétaire, ne distribuez pas un nombre inconsidéré de permis… L’administration peut avoir une interprétation restrictive de la la notion de détenteur de droits et votre propriété ne doit pas devenir un centre tout-terrain !
Comment te comportes-tu ? La plupart des lecteurs trouveront que les recommandations qui vont suivre ou même déplacée sont évidentes. Ils s’avéreront néanmoins utiles pour quelques-uns, notamment pour les débutants qui n’ont pas eu accès à la culture d’endurance autrement que par le biais de vidéos extrêmes. « Vous n’apprécieriez probablement pas qu’un imbécile vienne saccager votre jardin avec de grands coups de gaz… Ne devenez donc pas un Attila vous-même en retraçant un groupe de grimpeurs dans les premiers sous-bois qui sont apparus. Ni une étape dans le pré ni dans le champ du voisin. — Abstenez-vous du pire : ne conduisez pas dans les lits des ruisseaux, ni dans les tourbières et autres zones humides. C’est strictement interdit, et à juste titre ! — Envoyer du gaz comme un malade sur les routes se croyant seul au monde s’avère également rédhibitoire. Le service spécial en ligne ne doit pas être confondu avec les routes ouvertes à la circulation publique. Tu peux venir à travers d’autres véhicules, des marcheurs… que vous mettez en danger, et vous aussi. — Exploser les tympans des autres utilisateurs de la nature n’est pas plus glorieux. Le bruit est la première nuisance pour les Français dans tous les sondages d’opinion. Vous pouvez également inquiéter un troupeau. Dans la nature, on entend une moto de loin… — Soyez courtois avec les résidents locaux, les opérateurs, les autres randonneurs… Rencontrez-les en conduisant pas à pas. Faites attention aux chevaux, aux animaux craintifs. Laissez le moteur tourner au ralenti, mieux vaut l’éteindre et reprendre un courant d’essence lorsque le motard est suffisamment éloigné ou vous a prévenu que c’est bon. Salue tout le monde… — Prendre soin des sentiers sensibles à l’érosion et aux conditions humides. Ne les labourez pas… — Aucun panneau n’est jamais amusant. Vous devez néanmoins les respecter, même si vous découvrez plus tard la raison de leur présence pour éventuellement la contester. Il en va de même pour les barrières et autres obstacles physiques. « Et, bien sûr, conduisez avec une moto homologuée, immatriculée et assurée… et le bon permis ! Dans Conclusion, vous pouvez toujours rouler en Enduro en toute liberté en France, tant que vous ne faites rien. Le mot clé est « respect » : pour l’environnement, pour la propriété privée, pour les autres. Pour la poursuite de notre passion, il est important de transmettre le message aux nouveaux arrivants.
Par Charles Péot pour Enduro par Moto Verte — archives photos JMP et DR
À quoi sert le Codever ?
Le Collectif pour la défense des loisirs verts est une loi d’association de 1901 qui agit tous les jours depuis 1987 pour défendre votre liberté de mouvement, votre liberté d’organisation ou d’entreprise. Le Codever défend et promeut vos passions, qu’elles soient motorisées ou non, ainsi que les itinéraires et les lieux où vous en profitez. L’édition d’un Guide pratique pour vulgariser la réglementation et la formation est là pour vous apprendre à suivre légalement les promenades. Pour mener à bien les actions, le Codever s’appuie sur une grande poignée de bénévoles motivés et sur deux employés, ce qui limite évidemment le possibilités. Pour financer ces actions, l’association s’appuie sur les cotisations des membres avec le refus de dépendre des subventions publiques, afin de ne pas se retrouver pieds et poings liés. Vous l’aurez compris, il est important d’y adhérer ! Découvrez les actions et inscrivez-vous en ligne sur www.codever.fr