
La cafetière tourne à plein régime, le portable ne refroidit jamais vraiment, et, pendant ce temps, la facture d’électricité s’invite dans la partie. Reste une question qui chatouille plus d’un salarié : quand le salon devient bureau, qui doit signer le chèque ? L’entreprise, le salarié ? La frontière, loin d’être nette, ressemble davantage à une prise multiple qu’à une ligne droite.
Certains voient leur compteur s’affoler depuis qu’ils travaillent chez eux, chaussons aux pieds. D’autres s’interrogent : l’employeur ne pourrait-il pas, au moins, offrir quelques ampoules basse consommation ? Entre textes officiels, astuces ignorées et négociations serrées, la frontière vie pro/vie perso prend des airs de ligne à haute tension. Et la question du portefeuille, elle, n’est pas toujours bien éclairée…
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Plan de l'article
Le télétravail fait-il vraiment grimper la facture d’électricité ?
La démocratisation du télétravail a chamboulé nos habitudes énergétiques à la maison. L’ordinateur reste allumé toute la journée, l’écran secondaire aussi, la box internet ne souffle plus, sans oublier l’imprimante qui tourne en boucle. Avant, tout ça dormait paisiblement pendant qu’on courait au bureau. Désormais, la consommation électrique grimpe, certes, mais dans quelle mesure ? Selon l’Ademe ou RTE, pour un salarié en télétravail deux à trois jours par semaine, la hausse annuelle de la facture d’électricité oscille souvent entre 15 et 30 euros. Rien d’extravagant, mais tout de même visible.
Le vrai tournant, c’est le chauffage. Travailler chez soi, c’est chauffer le salon ou la chambre toute la journée. Les logements chauffés à l’électricité voient alors la note grimper sérieusement dès que le mercure chute. Un simple détail ? Pas vraiment, surtout en hiver.
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- Un ordinateur portable en usage pro : 20 à 50 kWh/an.
- Un écran en plus : 20 à 30 kWh/an.
- La box internet, branchée non-stop : jusqu’à 200 kWh/an.
Au total, ces usages restent modestes par rapport à d’autres dépenses domestiques. Mais ils s’ajoutent, insidieusement, à la note annuelle. En échange, le télétravail limite les trajets quotidiens. Moins d’émissions de CO2, moins de frais de transport. L’énergie consommée ne disparaît pas : elle change juste d’adresse.
Comprendre ce que dit la loi sur la prise en charge des frais
La loi ne laisse pas la question sans réponse : l’employeur a l’obligation de rembourser les frais professionnels engendrés par le télétravail. Même si l’accord de télétravail n’est pas permanent, le code du travail encadre ce principe. Les juges l’ont confirmé à plusieurs reprises : un salarié ne doit pas payer de sa poche pour exercer ses missions à domicile.
Concrètement, la charte de télétravail ou l’accord d’entreprise détaille le mode de remboursement : combien, sur quels justificatifs, à quelle fréquence. Plusieurs méthodes existent :
- Remboursement sur factures réelles ;
- Allocation forfaitaire, exonérée de cotisations sociales jusqu’à 2,60 € par jour télétravaillé (barème 2024).
- Le contrat de travail ou un avenant peut formaliser ces modalités.
- Le principe d’égalité de traitement s’applique : pas de différence de remboursement entre salariés dans la même situation.
Impossible de faire peser une nouvelle charge sur les épaules du salarié à cause du télétravail. Si désaccord il y a, mieux vaut ouvrir le dialogue et négocier une charte employeur claire. L’entreprise garde la main sur le versement d’une indemnité télétravail adaptée, sous le regard, si besoin, de l’inspection du travail.
Employeur, salarié : qui paie quoi en pratique ?
Sur le papier, la règle paraît limpide : les frais professionnels liés à l’utilisation du domicile pour le travail reviennent de droit à l’employeur. Sur le terrain, c’est plus subtil, surtout pour l’électricité consommée pendant le télétravail.
Quels postes sont concernés ? Électricité, internet, mobilier, équipement informatique… L’entreprise fournit en général le matériel :
- Ordinateur
- Écran
- Parfois même la chaise de bureau
Pour l’électricité, c’est une autre histoire. La prise en charge dépend du nombre de jours télétravaillés, du matériel utilisé, et surtout de ce qui a été négocié collectivement ou individuellement.
- Un salarié peut revendiquer une indemnité d’occupation du domicile ou le remboursement d’une partie de sa facture d’électricité, avec justificatif à l’appui.
- L’employeur peut choisir une allocation forfaitaire, sans justificatif jusqu’à un certain seuil : 13 € par mois pour 5 jours hebdomadaires, selon l’Urssaf.
Côté comptabilité, pas de flou artistique : l’équipement reste à la charge de l’employeur, qui peut comptabiliser certains biens dans ses comptes. Mais pour l’électricité, le remboursement au réel reste rare, sauf accord spécifique.
Pour éviter les litiges, les règles doivent figurer noir sur blanc dans la charte télétravail ou le contrat de travail. Fixez les plafonds, évaluez le coût professionnel réel, informez les équipes sur leurs droits. C’est la seule façon d’éviter les courts-circuits administratifs.
Réduire l’impact sur sa facture : astuces concrètes et bons réflexes
Le télétravail ne fait pas disparaître la consommation d’énergie, il la déplace du bureau vers le logement. Face à la hausse, quelques écogestes font la différence, sans sacrifier le confort ni la productivité.
- Misez sur des équipements économes : un ordinateur portable consomme jusqu’à cinq fois moins qu’un fixe.
- Débranchez chargeurs et appareils qui ne servent à rien. Les veilles silencieuses finissent par peser lourd sur l’année.
- Utilisez les heures creuses pour lancer les appareils électroménagers, si votre abonnement le permet.
Autre astuce simple : privilégiez les plages de travail où la lumière naturelle suffit. Moins de lampes allumées, moins de watts engloutis. Remplacer les vieilles ampoules par des LED, c’est 80 % d’économie pour l’éclairage.
Gardez un œil sur votre facture de régularisation. Relevez souvent le compteur, ajustez vos usages en fonction. Et comparez les offres des fournisseurs d’énergie : certains proposent des tarifs spéciaux ou des primes pour s’équiper malin.
La sobriété énergétique commence aussi par l’organisation du poste de travail : limiter les impressions, éviter le double écran inutile, programmer la mise en veille des appareils. Additionnez ces gestes et, au bout du compte, la dépense liée à l’électricité en télétravail se fait plus discrète.
Le télétravail a déplacé le fil électrique, il n’a pas coupé la lumière sur la question du partage des coûts. Entre droits, astuces et négociations, la facture n’a pas fini de faire parler d’elle. Alors, qui osera débrancher en premier ?